Les impacts sanitaires
« Le bruit du transport ferroviaire et routier est à l'origine de 50 000 attaques cardiaques mortelles chaque année en Europe et de 200 000 cas de maladies cardio-vasculaires » (Gilles Pargneaux, rapporteur au nom de la commission Européenne des transports et du tourisme).
De nuit comme de jour, quelle que soit l’origine du bruit (transports, voisinage, milieu professionnel, loisirs…), le bruit est susceptible d’engendrer des conséquences directes pour la santé : des effets sur l’audition pour des niveaux élevés d’exposition et de nombreux effets extra-auditifs non spécifiques.
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Effets auditifs provenant du bruit au travail
Principalement liés aux niveaux sonores intenses générés au travail (ou en discothèque, en concert, par des baladeurs trop forts), ils correspondent à une perte irrémédiable, totale ou partielle, de l’audition (surdité professionnelle). Ces niveaux sont peu fréquents dans l’environnement extérieur naturel.
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Effets extra-auditifs provenant du bruit des infrastructures
L'ouïe a une fonction de surveillance permanente de notre environnement, et toute « anomalie » sonore va déclencher une réaction de stress. La présence d'un bruit masquant, non intrinsèquement gênant, va également rendre difficile la perception des bruits utiles à la reconnaissance d'une situation ou à l'accomplissement d'une tâche. Enfin, l’exposition à des bruits dérangeants, non désirés, va distraire l'attention de la tâche principale et causer des risques d'erreurs.
Tous ces effets, même lorsqu’ils sont faiblement perçus, augmentent la fréquence et l'intensité des réactions de stress.Les effets extra-auditifs peuvent se manifester pour des expositions chroniques ou répétées à des niveaux faibles ou modérés, comme c’est généralement le cas avec le bruit dans l’environnement, dans l’habitat, dans le tertiaire.
D’autre part, le bruit est une notion subjective et la réaction à une stimulation sonore est influencée par des représentations individuelles : utilité des sources sonores, bruit choisi ou subi, contrôle exercé sur les sources par l’auditeur, connotation positive ou négative des sources (bruit de la mer ou bruit d’une autoroute, par exemple).
« Les principaux effets extra-auditifs du bruit qui ont fait l’objet d’une reconnaissance par l’OMS à ce jour sont la gêne, les troubles du sommeil, les maladies cardiovasculaires et les retards dans les apprentissages ».
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Perturbations du sommeil
Un des principaux effets extra-auditifs du bruit concerne les perturbations du sommeil, qui peuvent apparaître dès 40 dB(A) en niveau moyen la nuit. Les troubles du sommeil peuvent se manifester par un retard à l’endormissement, une augmentation du nombre et de la durée des éveils nocturnes, la réduction de la durée totale du sommeil, des modifications des différentes phases du sommeil avec une diminution du sommeil profond et des phases de sommeil paradoxal.
Le bruit entraîne ainsi une fragmentation du sommeil qui diminue considérablement sa qualité et donc son pouvoir récupérateur. Un sommeil de mauvaise qualité a de graves répercussions sur la vie quotidienne en entraînant somnolence, baisse de l'attention et des performances, ce qui augmente les risques d'avoir un accident de la route ou du travail et entraîne des baisses de productivité pour les entreprises, et des difficultés d'apprentissage.
Un manque de sommeil est aussi un facteur de risque de surpoids.
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Maladies cardio-vasculaires
Le bruit entraîne une réponse non spécifique au niveau du système cardiovasculaire en accélérant le rythme cardiaque et en provoquant une diminution du diamètre des vaisseaux sanguins. Ces modifications cardio-vasculaires sont propices à l’élévation de la pression artérielle.
Ces atteintes de la pression artérielle sont fréquemment combinées avec d’autres modifications du fonctionnement cardiaque telle que l’arythmie, l’accélération du rythme cardiaque au repos, une plus forte accélération cardiaque lors d’exercice physique ou encore une diminution de la circulation sanguine au niveau du myocarde.
Un grand nombre de travaux montre que l’exposition à des niveaux élevés de bruit entraîne très souvent des désordres cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle.
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Retard dans les apprentissages
L'exposition des enfants (ou des adultes apprenants) au bruit en dehors de l'enceinte scolaire entraîne des troubles du sommeil qui eux même sont à l'origine des difficultés de concentration et affectent les fonctions cognitives des écoliers, entraînant ainsi retard dans l'apprentissage et problèmes de comportement.
La mauvaise qualité des locaux scolaires (faible isolement acoustique, réverbération excessive) entraîne quant à elle une perte d'intelligibilité qui elle-même freine les apprentissages.
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Modifications des attitudes et du comportement social
Le bruit est par ailleurs responsable de nombreux effets psychosociaux, avec en premier lieu une dégradation de la qualité de vie, mais aussi une modification des attitudes et du comportement social (agressivité et troubles du comportement, diminution de la sensibilité et de l’intérêt à l’égard d’autrui).
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Les impacts financiers
Le coût sur la santé du bruit des transports est estimé à 11,5 milliards d’euros par an en France, dont 89% induit par le trafic routier, selon les études de référence publiées par l’Organisation Mondiale de la Santé sur la quantification des impacts sanitaires du bruit des transports (estimation de la dégradation de l’état de santé des populations au moyen de l’indicateur quantitatif des « années de vie en bonne santé perdues ») et leur valorisation économique.
Ce coût de 11,5 milliards d’euros est majoritairement induit par le trafic routier (89% du coût total), devant le trafic ferroviaire (9%) et l’aérien (2%).
Les troubles du sommeil représentent l’impact le plus fort (54% du coût total sur la santé), devant la gêne (40%) et les maladies cardiovasculaires (6%).
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Les autres impacts
Parmi les autres impacts négatifs du bruit, notamment des infrastructures, on peut citer :
- l’impact sur la valeur immobilière induite par le bruit des transports ;
- l’impact sur la faune : en marge des nombreux effets comportementaux (communication animale, par exemple), des publications récentes démontrent que le bruit d'origine humaine a des effets nuisibles sur la richesse spécifique, la densité de population ou le succès reproductif.